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En attendant le grand saut

 

Le débit de la voix est rapide, le ton chaleureux. Armel Le Cléac’h est courbé dans sa « zone de vie », sous les regards d’une dizaine de curieux. Ils sont avides de tout connaître : les choix météo, sa place pour dormir, sa façon de cuisiner, sa manière de tenir aussi un sprint haletant. « Raconter l’histoire de notre bateau, c’est une grande fierté, confie le skipper. Il est essentiel de partager, de faire comprendre ce qui nous anime et le long chemin qu’il a fallu parcourir pour y parvenir ».

Certains essaient de déceler des signes de fatigue ou de lassitude, des failles avant le grand départ. Armel sourit, répond aux badauds qui l’alpaguent de l’autre côté de la rive pour capter un regard et saisir l’instant. Un peu plus tard, il s’en va signer un poster à un enfant invité à bord. Il y a dans les yeux de ce jeune supporter la même incrédulité et fierté qui l’animait en 1986 quand il arpentait les pontons avec son père et rêvait devant le gigantisme des bateaux d’alors. « C’est un plaisir de pouvoir saisir l’engouement du public pour cette course, l’attachement à sa riche histoire et l’appétit pour la nouvelle édition ». 

La sérénité d’Armel n’a rien de forcé, c’est la conséquence logique de la confiance vis-à-vis de ces équipes et d’un quotidien ficelé où rien n’est laissé au hasard durant ces jours qui précèdent le départ. « Jusqu’à dimanche, je sais exactement ce que je fais, ça permet de bien gérer ». Le partage avec les spectateurs, les partenaires et les rendez-vous médias ne sont qu’une partie de ces longues journées. Il y a les séances de kiné, reposantes, et surtout l’étude des conditions météos.

« Il est trop tôt pour avoir une vision claire en la matière lors des premières 24 heures, explique le skipper. Nous savons qu’il y aura une petite dépression dès le départ – même si elle n’est pas au même endroit selon les modèles – puis une grosse au large mardi qui va engendrer du vent et de la mer venus de l’ouest ». Le « gros temps » ne l’effraie pas : « ces dernières semaines, nous sommes allés chercher du vent à bord de Banque Populaire IX avec des pointes à 30, 40 nœuds (55 km/h, 74 km/h).  Nous savons quand il faut faire le dos rond et parvenir à trouver le bon dosage ».

En attendant le début de ce sprint transatlantique, Armel tient à « se mettre progressivement dans sa bulle », à s’isoler de la foule et des sollicitations multiples. « J’apprécie être au calme, loin de l’effervescences des pontons ». Au programme notamment : les derniers épisodes du « Bureau des légendes », avant de s’élancer enfin dans une course qui n’en manque pas.

 

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