290316-Navigation au large de Groix pour le monocoque Banque Populaire VIII

"Je trouve mon rythme dans les mers du Sud"

Dans la nuit de jeudi à vendredi, Armel Le Cléac’h a franchi le mythique Cap de Bonne-Espérance, après 18 jours, 3 heures et 30 minutes de course. Toujours deuxième au classement de 15h, le skipper Saint-Politain continue de naviguer à vive allure et de réduire son écart à 29,32 milles d’Alex Thomson (Hugo Boss). D’ici quelques heures, le vent devrait mollir permettant au marin de baisser le rythme et de faire un check-up complet du Mono Banque Populaire VIII. Cette zone de transition sera de courte durée, une nouvelle dépression est attendue pour ce week-end. Nous avons contacté Armel pour qu’il nous livre son état d’esprit.

Quelles sont tes conditions actuelles ?
C’est vraiment sportif depuis plusieurs jours, nous n’avons pas eu de répit pour l’instant. Je pensais que le vent allait mollir mais il est toujours soutenu. Il y a encore de l’air assez fort, 25-30 nœuds avec une mer agitée, je n’ai pas pu dormir beaucoup cette nuit. Comme les courants sont forts au sud de l’Afrique du Sud, un peu comme le « Gulf Stream » dans l’Atlantique Nord, la mer est cassante et va dans tous les sens. J’attends de trouver le moment où le vent va mollir pour pouvoir faire un check-up à l’extérieur. Je commence déjà à ranger l’intérieur tranquillement et dès que les conditions seront plus stables, dans l’après-midi ou demain, je vais pouvoir aller sur le pont, ce que je n’ai pas pu faire depuis un petit moment, c’était trop humide.

Premier point de repère, le cap de Bonne-Espérance, es-tu content de ton temps de passage ?
La météo nous a été favorable depuis le début de la course, je ne pouvais pas rêver mieux pour aller aussi vite. A part dans le Pot au Noir, il n’y a pas eu une seule journée où je me suis arrêté. On a toujours été rapide, avec du vent et sans s’écarter de trop de la route optimum. C’est sûr aussi qu’avec nos bateaux, on a progressé, notamment dans ces allures là où on va vite. Avec les foils, on arrive à gagner des milles et des milles à chaque fois. Et cela donne un temps canon de référence, tant mieux, ça va dans le bon sens mais il va falloir tenir. On sait que le Vendée est long, si j’arrive à gagner 2 à 4 jours par ci, par là, c’est bien, peut-être que l’on en perdra plus tard, on ne le sait pas.

Quel est ton programme sur les prochains jours ?
Les conditions devraient être plus clémentes demain avant de retrouver à nouveau une dépression qui va nous emmener jusqu’aux îles Kerguelen. Je vais profiter de cette transition pour faire le tour du bateau avant de repartir pour un petit tour de manège (une nouvelle dépression est attendue dans le week-end). Ca va être bien d’avoir quelques heures de break pour aller sur le pont sans se faire rincer complètement. Ensuite, retour des trombes d’eau, là il va falloir bien gérer le choix de voile. Normalement, si tout va bien, on devrait être au passage des Kerguelen mercredi dans la journée.

Raconte-nous, comment ça se passe dans les Quarantièmes Rugissants ?
J’arrive à peu près à me reposer, à bien manger, je trouve mon rythme dans les mers du Sud et mes repères d’il y a 4 ans. Il ne fait pas encore très froid, c’est gris, on a eu hier soir, un petit bout de ciel bleu avant que le soleil se couche mais ça n’a pas duré longtemps ! Le ciel était étoilé mais maintenant c’est de nouveau bien couvert. L’océan indien, ce n’est pas le passage le plus facile, c’est un enchainement de dépressions qui sont nerveuses avec une mer souvent désorganisée, ce n’est pas pratique pour les bateaux. Pour comparer, dans le Pacifique, il y a une longue houle avec des conditions favorables pour surfer, ici c’est haché. Plus vite on le traverse mieux on se porte. Il y a un peu de monde ici, j’ai vu les premiers Albatros hier soir, ce matin il y avait d’autres oiseaux, ils font route avec nous. J’ai aussi vu des baleines, heureusement elles ne s’approchent pas trop du bateau (rires). Dans les courants actuels, je pense qu’il doit y avoir des zones d’eaux chaudes avec de nombreux poissons, ça change des cargos !

As-tu eu des petites bricoles à bord ?
J’attends de faire un tour complet mais pour l’instant, il y a juste eu quelques petites usures liées à des frottements, rien d’important. Il va falloir faire un peu de couture et d’entretien avant que ça s’abîme.

Et as-tu pu suivre les problèmes de tes camarades ?
Je suis de loin les péripéties de chacun, j’ai appris hier l’abandon de Morgan (Lagravière), c’est toujours difficile d’apprendre ça. Je suis triste pour lui, il a fait une belle course depuis le début. Pour ceux qui ont tapé, difficile de savoir d’où cela provient, peut-être un poisson, un détritus mais c’est tellement humide que l’on ne peut pas faire de constat, on ne voit pas grand-chose sur le pont.

CLASSEMENT DE 15H :

1) Alex Thomson – HUGO BOSS à 17 180 milles de l’arrivée. 
2) Armel Le Cléac’h – BANQUE POPULAIRE à 29,32 milles du leader.
3) Sébastien Josse – EDMOND DE ROTHSCHILD à 278 milles du leader.
4) Paul Meilhat – SMA à 922 milles du leader.
5) Jérémie Beyou – MAITRE COQ à 970 milles du leader.

 

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