Récit d’un compte à rebours - L'année 2020 de Clarisse

JANVIER · FÉVRIER - LE BATEAU À MA MAIN
À l’issue d’une fin d’année particulièrement riche, marquée par la Transat Jacques-Vabre et le convoyage retour, Banque Populaire X a retrouvé le chantier à Lorient. « Il était important de faire un check-up complet, de s’assurer que rien n’était endommagé », assure Clarisse. De multiples aménagements ont également été réalisés à bord comme la colonne de winch dont le sens a été changé. « Toute l’équipe s’est attachée à mettre le bateau à ma main, poursuit-elle. J’ai aussi passé beaucoup de temps avec eux afin de savoir comment réparer le bateau en cas de problèmes pendant le tour du monde. Ils m’ont transformée en McGyver des mers ! »
MARS · AVRIL - UN CONFINEMENT STUDIEUX
Clarisse aurait dû enchaîner ensuite les sorties en mer et préparer deux Transats (The Transat et la New York - Vendée) pour le début de l’été. Mais la propagation du Covid-19 a bouleversé son planning, l’obligeant à rester chez elle. Pour autant, pas question de se relâcher. La navigatrice explique : « ça a été un confinement studieux. J’ai pris le temps d’étudier certains aspects : la préparation physique et l’étude des fichiers météo ». C’est avec Christian Dumard, Jean-Yves Bernot et Marcel Van Triest, habitués du Team Banque Populaire, que Clarisse a travaillé. « Nous avons surtout insisté sur les zones que je ne connais pas, comme les mers du sud et le Pacifique ». Clarisse n’en a pas perdu sa bonne humeur : elle a également tourné une vidéo dans son jardin où elle winchait sur un vélo renversé avec Tanguy qui lui envoyait des seaux d’eau. Un petit air du large finalement en plein confinement.
MAI - ENFIN, LE RETOUR EN MER
Après huit semaines de confinement, enfin, Clarisse a pu retrouver son IMOCA et les navigations au large. « J’ai eu besoin d’un petit temps d’adaptation, confie-t-elle. Physiquement, les journées étaient diamétralement opposées entre la période bloquée à la maison et la mer où il faut tout donner. » Mais les habitudes reviennent vite. « J’ai rapidement retrouvé mes repères et on a pu tout de suite se remettre au travail ». Pour conforter sa confiance à bord, la navigatrice a enchainé les navigations de 24 heures à 48 heures en « faux solo ».
FIN JUIN - L’ADRÉNALINE DE LA COURSE
Ambiance particulière, fin juin, sur les pontons de Lorient. Clarisse s’apprête à disputer sa première course en solitaire en IMOCA et celle-ci, totalement inédite, a été mise sur pied en quelques semaines : la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne. Crise sanitaire oblige, le contexte est particulier avec un dépistage à deux reprises, et confinement la semaine précédant la course. Mais derrière le masque, la navigatrice se veut combative. « J’étais stressée au départ, concentrée sur chaque manœuvre. Mais progressivement, les incertitudes et les inquiétudes se sont transformées en plaisir. » Et cela se voit : Clarisse reste constamment dans le « top 10 » et s’affirme comme l’une des plus rapides chez les bateaux à dérive. Elle franchit la ligne au 12e rang, le sourire aux lèvres.
SEPTEMBRE · OCTOBRE - LA DERNIÈRE LIGNE DROITE
C’est le début d’un tourbillon qui ne s’achèvera que le 8 novembre prochain. Clarisse doit s’astreindre à un calendrier particulièrement dense : elle enchaîne les stages à Port-la-Forêt aux côtés d’autres skippers IMOCA, s’attache à préparer l’avitaillement, peaufine sa formation météo et poursuit sa préparation physique. Clarisse décrypte cette « dernière ligne droite » : « un tel rythme est particulièrement exigeant mentalement et physiquement mais c’est une nécessité pour être prête ! » Dans les jours qui précèdent le départ, la navigatrice va progressivement se « mettre dans une bulle » avant de s’élancer enfin dans la grande aventure.