Banque Populaire VII, né pour gagner…

Mis à l’eau en 2006, le trimaran Groupama 3, devenu par la suite Maxi Solo Banque Populaire VII puis IDEC Sport, a connu une riche histoire parsemée de records et de victoires, entre Trophée Jules Verne et Route du Rhum.
Le bel anniversaire ! Pour ses dix ans, Groupama 3, devenu Banque Populaire VII en 2013 puis IDEC Sport Racing, son dernier nom de baptême, en 2015, s’est offert un nouveau tour de la planète, bouclé dans un temps, record pour lui, de 47 jours 14 heures et 47 minutes. Un chrono qui reste insuffisant pour déposséder le Maxi Banque Populaire V du Trophée Jules Verne, conquis en 2012 par Loïck Peyron et ses équipiers en 45 jours 13 heures 42 minutes et 53 secondes. Cependant, cela en dit long sur le potentiel intact de ce trimaran, conçu et construit dix ans plus tôt dans l’objectif de justement s’emparer du Trophée, ce qu’il était parvenu à faire en mars 2010 quand il portait encore les couleurs de Groupama, avec à sa barre Franck Cammas, en 48 jours 7 heures 44 minutes et 52 secondes.
Ce bateau était un pari
Vincent Lauriot-Prévost, architecte
« Ce bateau était un pari, se souvient son architecte Vincent Lauriot-Prévost. Le détenteur du Trophée Jules Verne à l’époque était un catamaran de plus de 36 mètres de long (Orange 2), le pari était de se dire que nous n’allions pas suivre le mouvement de la longueur pour la performance, mais plutôt faire un bateau plus court, plus léger, plus maniable et plus sophistiqué. » Résultat : à sa mise à l’eau, Groupama 3 mesure 31,50 mètres et pèse 18 tonnes, soit 5 mètres et 12 tonnes de moins qu’Orange 2, et surtout dispose de tous les artifices (foils, trois safrans, mât basculant…) qui lui permettent de s’afficher d’entrée comme le bateau à voile le plus rapide de la planète. En témoignent les records battus en trois mois, en 2007, sur la Route de la Découverte, l’Atlantique nord et les 24 heures. Le Trophée Jules Verne lui résistera un peu plus longtemps : après deux tentatives infructueuses, Franck Cammas parvient en 2010 à s’en emparer, germe alors aussitôt en lui l’idée de s’attaquer la même année à la Route du Rhum… en solitaire.
Le défi, de traverser l’Atlantique seul sur un bateau conçu pour être mené par dix marins aguerris, paraît alors complètement fou, mais en adaptant le trimaran au challenge (mât réduit, allègement de deux tonnes, cadre de vélo installé dans le cockpit pour utiliser les jambes sur certaines manœuvres…), Franck Cammas relève le pari avec brio et remporte la Route du Rhum dans la nouvelle catégorie Ultime. Devenu le bateau de référence en solitaire, le bateau est racheté en 2013 par Banque Populaire avec l’objectif affiché de gagner de nouveau la transat en solitaire entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, avec cette fois-ci Armel Le Cléac’h à la barre. « La stratégie de Banque Populaire est d’armer les bateaux les plus performants avec les skippers les plus talentueux dans les catégories les plus médiatiques. Donc après le Vendée Globe qui nous avait procuré d’énormes émotions, nous nous sommes dit qu’il fallait être sur la Route du Rhum dans la catégorie des maxi-multicoques », explique Thierry Bouvard, Responsable des programmes éditoriaux et du sponsoring.
Armel Le Cléac’h réussit des débuts remarqués, se soldant par deux premiers records en solitaire
A la barre de son nouveau trimaran, rebaptisé Maxi Solo Banque Populaire VII, Armel Le Cléac’h réussit des débuts remarqués, se soldant par deux premiers records en solitaire : celui de la Méditerranée (Marseille-Carthage en 18 heures 58 minutes et 13 secondes) puis celui de la Route de la Découverte (Cadix-San Salvador, aux Bahamas, en 6 jours 23 heures 42 minutes et 18 secondes), de quoi aborder en pleine confiance la préparation de la Route du Rhum. La malchance s’en mêle malheureusement sous la forme d’une blessure à la main qui le contraint à renoncer. Loïck Peyron prend le relais et remporte magistralement la Route du Rhum le 10 novembre 2014, avec à la clé le record absolu de l’épreuve en 7 jours 15 heures 8 minutes et 32 secondes. Cette domination confirmée en solitaire du plan VPLP alors âgé de huit ans et demi suscite des vocations, poussant Macif, puis Banque Populaire, à lancer la construction de nouvelles machines destinées à franchir un nouveau palier en matière de navigation en solitaire au large.
Le trimaran change alors de main, racheté en 2015 par IDEC qui le rebaptise IDEC Sport et lui offre un retour aux sources sous la forme d’une nouvelle tentative sur le Trophée Jules-Verne, bouclée, on l’a vu, en un peu plus de 47 jours. Avec à sa barre Francis Joyon, réputé pour savoir exploiter au maximum le potentiel de ses bateaux, ce trimaran bien né, polyvalent et marin, a attaqué en beauté une « troisième vie » loin d’être finie…