La vie à bord

Vivre dans un univers constamment humide et remuant demeure très sollicitant pour le corps humain. Bien souvent, les départs de course en période automnale ne permettent pas une adaptation à la vie du large en douceur. Les marins sont parfois malades donc mangent peu, et ne trouvent pas forcément le bon rythme de sommeil, l’excitation du départ n’aidant pas à sombrer ne serait-ce que quelques minutes dans les bras de Morphée… « Nous partons en course en ayant été vu par un médecin. Je me souviens qu’avant mon premier Vendée Globe (en 2008), je m’étais fait retirer les dents de sagesse, pour être tranquille de ce côté-là en mer. Nous ne négligeons rien avant un départ. En ce moment par exemple, je suis en train de tester des crèmes pour le corps et les mains. Les bobos dermatologiques, ne sont pas à prendre à la légère, même pour une courte durée de course comme celle de la Route du Rhum », confie le skipper.
Du brossage des dents, à la douchette hebdomadaire
Les dessalinisateurs, présents sur ces bateaux de course, permettent de fabriquer de l’eau douce indispensable à l’hydratation et à l’hygiène. « Concrètement, quand je peux, je me savonne avec un savon « spécial eau de mer » et je rince avec trois litres d’eau mise en bouteille. C’est indispensable de se nettoyer. La peau souffre beaucoup du frottement des cirés, du sel, de l’humidité », souligne Armel. Le brossage des dents quotidien semble être la seule façon de se sentir « propre ». Il est donc important de ne surtout pas oublier sa brosse à dents à quai !
Personnellement je ne termine pas un repas sans sucre, sans oublier un peu de chocolat, indispensable pour le moral !
Armel Le Cléac'h, skipper
Se connaître, indispensable pour se préserver
Le sommeil des marins en mer impressionne le terrien par sa courte durée. « Sur une Route du Rhum qui est un sprint, contrairement à un Vendée Globe, qui est une course d’endurance, je peux dormir 4h par tranche de 20 mn sur 24h. Sur une transat et en Ultime, c’est toujours un peu plus court en termes de durée de sommeil », explique Armel, qui grâce à son expérience de coureur au large, se connaît désormais par cœur et sait parfaitement se gérer.
Et l’alimentation alors ? « Elle est primordiale pour le moral, et je sais que le moral peut jouer sur la performance. J’ai des plats lyophilisés mais également sous vide parce que ces derniers sont bien meilleurs, même s’ils sont plus lourds à embarquer. J’ai un sac par jour dans lequel j’ai tous mes repas, y compris mes « breaks » de la journée. Tous les sacs sont numérotés et organisés en fonction des jours. Et personnellement je ne termine pas un repas sans sucre, sans oublier un peu de chocolat, indispensable pour le moral ! ».
Des conditions de vie spartiates, voire inhumaines !
Les conditions de vie à bord de ces "machines", entièrement conçues pour la course océanique, sont incroyablement spartiates. Dans ces tubes de carbone sombres et humides, l'espace de vie est réduit à sa plus simple expression, la priorité étant donnée à l'électronique (systèmes de navigation et de communication de plus en plus sophistiqués) et à une "plomberie" particulièrement complexe. Pour dormir (environ 4 heures par jour, en fractionné), les skippers ont le choix entre des poufs de microbilles épousant la forme du corps et des sièges inclinables, plus ou moins confortables. Pour Armel, c’est sur un matelas dédié dans la cellule de vie, installée sous la casquette. Un petit réchaud à cardan permet de réchauffer des plats ou de se préparer une boisson chaude.
Entre la météo à analyser, la stratégie à adopter, les manœuvres à anticiper, et le bricolage qui peut se montrer très chronophage, sur un parcours si court, je n’ai aucun temps pour la détente.
Armel Le Cléac'h, skipper
Crédit photo : Jeremie Lecaudey / BPCE
News

La dépression Açorienne qui a été violente et brève, a secoué tous les concurrents de la route Nord. Les solitaires ont dû se positionner au mieux par rapport au système météo et faire le dos rond pendant plusieurs heures désagréables. Hier, lors du passage du front, Armel Le Cléac’h a frôlé le centre dépressionnaire puis à viré en direction de New-York. Il a du faire face à des conditions difficiles, avec du vent de travers et la mer de face.

En tête de la catégorie Imoca, pour la troisième journée consécutive, Armel a pris, en début d’après-midi, un peu de son temps précieux pour appeler son équipe à terre et partager ce qu’il vit à bord de son monocoque Banque Populaire VIII. Un récit qui témoigne bien de la concentration maximale dont le skipper breton doit faire preuve et qui laisse peu de place à la communication durant ces dernières heures. Ces quelques nouvelles fraîches évoquent ses conditions de course et son état d’esprit.

Cette nuit, Armel a dû, une fois de plus, s’armer de patience dans des conditions exténuantes pour négocier au mieux cette dernière transition avant de parer vers Ambrose light dans les prochaines 24 heures. Même si la victoire n’est plus qu’à quelques milles, le skipper préfère rester concentré, le match n’est pas terminé. Joint ce midi par son équipe, il nous raconte sa dernière nuit de navigation.
« 3° degrés dans l’eau, pas plus à l’extérieur », voilà le quotidien d’Armel Le Cléac’h à bord du Mono Banque Populaire qui navigue actuellement dans les 40èmes rugissants, à l’Est des îles Kerguelen. Au classement de 9h, le duel avec le britannique s’intensifie davantage, il n’est plus qu’à 7 milles de son tableau arrière mais Armel est toujours le leader de la flotte !
Dans la nuit de samedi à dimanche, Armel et son Mono Banque Populaire VIII ont passé les îles Campbell, dernières terres de la zone sud-antarctique avant d’atteindre le Cap Horn.
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Face à face avec Armel Le Cléac'h

Du village de départ à l'émotion de l'arrivée, revivez l'édition 2016-2017 du Vendée Globe remportée par Armel Le Cléac'h à bord du Mono Banque Populaire VIII.

Sélection des meilleures photos du Vendée-Globe 2012-2013...