Le nautique ? So chic !
A l’occasion de la Fashion Week, un petit tour d’horizon des basiques de cette tendance très en vogue, dit du style marin, qui prend des allures de raz-de-marée dans les quartiers branchés.
On connaît tous le ciré jaune, le pull marin, le caban, les bottes, la marinière, incontournables basiques de la garde-robe nautique. Depuis longtemps, bleu marine et rayures s’invitent en ville, version « urban chic », et deviennent des éléments phare des collections haute-couture.
Déjà en 2009, une exposition intitulée « Les marins font la mode » au Musée de la Marine illustrait cette tendance qui ne quitte plus le devant de la scène et s’affiche de plus belle sur les podiums. Cette année encore, une grande marque de luxe met en scène, dans son défilé printemps-été 2018, une jeune femme blonde vêtue d'une marinière et d'une casquette digne d’un marin pêcheur. Décryptage.
La marinière
Inscrite depuis le début du 20ème siècle au panthéon de la mode : dès 1916, en effet, Gabrielle Chanel lance la mode de la marinière, suivie, 50 ans plus tard par Yves Saint Laurent, et sa collection « matelot ». En 1983, c’est au tour du couturier préféré de Madonna, Jean-Paul Gaultier : « les pulls marins vont avec tout, ne se démodent pas et ne se démoderont probablement jamais. » La marinière, qu’il réinvente à sa manière, osée et décalée, même découpée en dos-nu, devient habit culte. Ce qui, au fil des décennies, s’est mué en pièce de collection était à l’origine une tenue de travail de matelots d’équipage. Ce tricot rayé en jersey, descendant jusqu’à mi-cuisse, servait de sous-vêtement : rentré dans le pantalon, il faisait ainsi office de protection. Rajoutez à cela son absence de couture - hormis au niveau des manches - et sa sobriété (en bateau, on évite les boutons et tout ce qui serait susceptible de se prendre dans les cordages), et vous obtenez un vêtement pratique, indémodable, universel. Customisée, détournée, utilisée en politique pour célébrer le made in France, elle se porte avec à peu près tout : jean ou costume, tailleur ou short. Chic ou décontracté. Un must-have.
Le pull marin
Des générations entières l’ont porté, certains l’ont juste supporté. Le pull marin et sa pure laine vierge gratte un peu, c’est un fait. La faute-ou grâce à- sa maille si serrée qui le rend imperméable. S’il se porte court et près du corps, c’est bien pour servir de seconde peau, tenir chaud. Et si le boutonnage est sur le côté, c’est tout simplement pour l’enfiler plus facilement. Selon une légende bien ancrée, les premiers modèles (fin 19ème siècle) sont rayés, parce qu’un ingénieur de la marine avait constaté qu’il était plus facile de repérer un homme tombé en mer portant des rayures. Le pull marin répond ensuite à un dress code à bord des bateaux : les matelots portent des rayures, les officiers les pulls unis. Aujourd’hui, on semble plus l’apprécier dans cette dernière version, bleu marine. Sobriété qui permet de l’associer avec un jean ou un chino, pour une tenue casual chic du plus bel effet. Suggestion à ceux qui ne le tolèrent pas à même la peau : enfilez une légère marinière dessous !
Le ciré jaune
Indissociable de l’image du marin pêcheur sautant de son chalut pour se ruer à la criée, ce vêtement iconique n’avait plus guère le vent en poupe, avant de revenir force 5 à la Une des magazines. Blogueuses et blogueurs de mode s’en emparent pour l’associer à un jean slim dans le plus pur esprit vintage. Ultra-léger mais ultra-résistant, il se décline façon classique avec sa coupe droite et sa grande capuche, idéales pour se protéger des frimas, ou version cape de pluie, plus urbaine. Quand Guy Cotten le créa en 1964, avec son PVC solide, étanche, et sa fermeture à glissière dotée d’un rabat avec double velcro il ne se doutait pas que son ciré jaune qui a révolutionné la vie quotidienne dans les ports, serait un jour si tendance qu'il donnerait son nom à un bar branché parisien…
La vareuse
Tenue historique de travail elle aussi, son tissage très serré protège du vent, la rend très résistante et déperlante. Si elle est munie d'un bouton à l'intérieur du vêtement c’est toujours pour que les cordages et les mailles de filet ne risquent de s’y coincer. La large poche intérieure, à hauteur de poitrine et accessible par l'encolure, facilite l’accès à son contenu sans entraver la manœuvre. Quant aux couleurs, elles définissaient à l’origine les corps de métiers : le rouge pour les ostréiculteurs, le jaune pour les pêcheurs à pied, le rouille pour les pêcheurs de casiers, le bleu pour les marins pêcheurs. Aujourd’hui, la vareuse s’affiche de toutes ces couleurs, en conservant ses attributs de base : le bouton et la poche intérieurs, duo idéal pour la vie extérieure, une simplicité lui conférant presque un aspect chemise de trappeur.
Le caban
Uniforme de la Marine Nationale, ce manteau court, lourd car en pure laine rentre dans les années 1960 dans le vestiaire féminin grâce à Yves Saint Laurent (« collection matelot »). Pièce qui s’en va et revient, comme tous les basiques, le caban a de nouveau massivement envahi nos dressings l’hiver dernier, dans la lignée de la tendance Navy Chic. Si le double boutonnage est indéboulonnable, les couturiers s’en donnent à cœur joie pour oser des variations de taille et de coloris. Bleu, noir, gris, blanc, jaune, vert, rouge, à carreaux, long comme un manteau, à col fourrure… Il est aussi - et surtout- un basique de la garde-robe masculine, porté au cinéma par James Dean, Robert Redford, ou encore Daniel Craig. Pas besoin toutefois d’être une star du grand écran pour savoir porter avec style le caban. Avec une chemise blanche, un jean et des boots, il passe absolument partout.
Le bonnet breton
Celui qui se nomme également "Miki" est devenu en quelques années l’attribut favori des hipsters. Porté posé sur le haut de la tête, en tous cas pas trop enfoncé, il est uni, souvent bleu, noir ou gris. Mais ce produit reste très apprécié aussi des marins, en raison de l'absence de prise au vent. Le bonus style : le choisir en drap de laine et réglable sur l'arrière à l'aide d'une bande velcro.
Les bottes
Elles sont une ode à l’iode et à l’enfance, souvenirs de nos sauts à pieds joints dans les flaques en toute insouciance. Mais l’on a dû attendre que Kate Moss en porte une paire pour qu’elles se muent en "It-shoe" que toute fashionista se doit de chausser, surtout quand il fait grand beau. De nombreuses stars en sont fans et n’hésitent pas à en détourner l’usage en mariant bottes et mini-short ! On en trouve désormais de toutes sortes : motifs à fleurs, zébrées ou léopard, camouflage, ambiance mat, lustré… On la voit se pavaner en ville, version bottine et même santiag, oser la bi-matière, la classe du cuir sur la robustesse du caoutchouc. Alliées au bonnet, elles assurent le total look marin. Au grand chic nautique, de pied en cap.
Crédit photo : Mille & une vagues