Le Pot au Noir

A l’occasion de cette Transat Jacques Vabre, les Ultims devront traverser deux fois le fameux « Pot au Noir ». Les skippers ont tous appris à connaître cette zone bien en amont, à la travailler, à la redouter… On ne compte plus les vidéos et témoignages de skippers s’arrachant les cheveux sur ce tronçon du parcours.
Une zone tampon entre deux régimes d’alizés
Le Pot au Noir forme comme une « ceinture » de part et d'autre de l'équateur. Il s’agit d’une zone tampon entre les deux régimes d'alizés : ceux de l'hémisphère Nord qui viennent du Nord-Est et ceux de l'hémisphère Sud qui viennent du Sud-Est. La rencontre de ces deux flux se traduit par une forte instabilité orageuse. Le Pot au Noir s’étend, pour sa partie Atlantique, de la pointe du Brésil aux côtes africaines, entre les latitudes 3° et 8° Nord. Statistiquement, la « porte » pour changer d’hémisphère météo se situe entre le 25° et le 30°W. Globalement, le Pot au Noir est plus actif quand les alizés sont forts, et plus étendu lorsque la température de l’eau est élevée.
Chaleur suffocante, humidité, orages violents, calmes plats, mer chaotique…
Dans le Pot au Noir, la température de la mer oscille entre 27 et 29 degrés et celle de l’air entre 35 et 40 degrés. Le taux d’humidité est très fort et la couverture nuageuse imposante. Les vents sont extrêmement variables (en force et en direction) et ces changements sont très difficiles, voire impossibles, à anticiper. Les navigateurs subissent une alternance de calmes et de grains violents. Pour ne rien arranger, la mer est souvent chaotique. Mis bout à bout, tous ces éléments rendent la zone peu accueillante et redoutée des marins. On peut rester, des heures, encalminé dans 0 nœud de vent, pendant qu’un concurrent tout proche bénéficie d’un grain lui permettant de filer à bonne vitesse. Rageant.
Armel : « Le Pot au Noir réserve des surprises, la méfiance est de mise »
La traversée du Pot au Noir se travaille en amont mais il faut aussi faire preuve d’intuition et d’adaptation. Si tous les outils actuels (comme les photos satellites) permettent de mieux l’appréhender, il reste toutefois une part d’aléatoire. « Le Pot au Noir réserve parfois des surprises mais tous le savent : c’est une zone que l’on a l’habitude de traverser pendant les transatlantiques. La méfiance est donc de mise afin de ne pas se faire piéger », explique Armel Le Cléac’h, qui connaît très bien les enjeux de la zone, pour l’avoir traversée à de nombreuses reprises. Tous les marins, même les plus expérimentés, n’abordent jamais le Pot au Noir avec sérénité.