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Vendée Globe – Clarisse Crémer : « Notre droit à l’aventure est encore plus précieux »

 

Après plusieurs jours chez elle en Bretagne, Clarisse Crémer est revenue aux Sables-d’Olonne ce jeudi pour terminer son confinement avant de prendre le grand départ. Elle revient sur les jours qui ont précédé, sur ses appréhensions et son envie d’y être enfin, seule à bord, mais avec une détermination toujours aussi intacte.

Manœuvrer, tenir la barre, décrypter des fichiers météo, scruter l’horizon et avancer sans compter… Dès dimanche, à 13 h 02, le quotidien de Clarisse Crémer basculera dans ce qui semble si étranger à terre : avancer sans compter au milieu des océans du globe, mettre le cap sur le large et ne rejoindre les siens qu’à l’orée du printemps prochain. C’est le défi aussi mythique que prestigieux qui attend Clarisse : la découverte d’un premier tour du monde en solitaire.  

 

Confinée mais studieuse

Chez Clarisse, avant chaque départ, la pression se transforme presque en impatience : « je n’aime pas beaucoup tout ce qui précède le Jour J, admet-elle. C’est le moment où l’on n’arrive plus vraiment à profiter de la terre et on a seulement hâte d’être en mer et d’être dans la compétition. » Conserver ce petit bonheur-là sans se faire submerger par la pression est un challenge en soit. Mais Clarisse s’y est attelée, fidèle à elle-même, malgré un planning qui ne ressemble plus vraiment à celui d’un départ de grande course à cause de l’aggravation de la situation sanitaire. 

Ainsi, à l’issue de la première semaine au village du Vendée Globe, la navigatrice est retournée chez elle en Bretagne. Au programme ? Balades en forêt et surf la première semaine puis une seconde, confinée et plus studieuse avec des visioconférences avec l’équipe, des interviews et l’étude des fichiers météo. « Ce n’est plus du tout théorique : on s’attache à connaître les conditions des premiers jours ». Si la météo devrait être clémente au départ, elle s’annonce ensuite « complexe et instable » dixit Clarisse. 

 

« Notre droit à l’aventure est encore plus précieux » 

 Jeudi, il a fallu quitter le cocon breton dans l’après-midi pour regagner Les Sables-d’Olonne. Certes, l’effervescence n’est pas au rendez-vous – confinement oblige – mais la fin de semaine de la navigatrice est bien chargée. Réunion avec les skippers, test à la Covid-19, obligations multiples et l’objectif majeur qui se rapproche inexorablement : « l’essentiel, ce sera de parvenir à ne pas y laisser trop de fatigue, à prendre aussi du temps pour moi, notamment grâce à des séances de sophrologie. »

Et puis il restera une nuit, forcément courte, avant ce grand départ si particulier sans public, sans « au revoir » sur les pontons bondés, sans chaleur humaine perceptible tout au long du chenal. « Moi aussi, j’avais imaginé un départ comme les éditions précédentes où tu es submergée par l’émotion avec la foule qui t’entoure », confie-t-elle. Mais Clarisse ne compte pas se focaliser sur ce changement d’ambiance : « nous avons une chance énorme de partir en mer dans ce contexte si particulier. Avoir le droit au voyage, à l’aventure et à l’évasion est encore plus précieux et extraordinaire. » 

La navigatrice, déterminée et enjouée comme toujours, s’apprête à conserver chaque moment pour les transformer en souvenirs et ainsi écrire sa nouvelle histoire au large. « Psychologiquement, je suis prête. Prête à mener seule mon bateau. Prête à être parfois perdue, parfois déboussolée. Prête à surmonter les épreuves d’un tour du monde. » Et parce que le sourire et le rire ne sont jamais loin quand elle s’exprime, la navigatrice prévient : « pour les vidéos plus légères du bord par contre, laissez-moi juste quelques jours en mer ! »

Crédit photo : © Jean-Louis Carli / Alea #VG2020

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