Les membres du Team Banque Populaire s’activent sans compter depuis cette nuit. Après avoir détecté un problème de
safran, Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse, en concertation avec l’équipe, ont décidé de faire escale à leur base à Lorient. Objectif ? Remplacer le
safran et ce qui l’entoure, sécuriser le bateau et repartir au plus vite. Un contre-la-montre où chaque minute compte afin de retrouver la compétition dans la journée. État des lieux avec les skippers Armel Le Cléac’h, Sébastien Josse et le directeur du Team, Erwan Steff.
Les circonstances de l’avarie
Armel Le Cléac’h : « Malgré des conditions toniques avec une mer formée dans la Manche, nous étions en train de respecter notre feuille de route. On était d’ailleurs au contact avec SVR-Lazartigue qui progressait à quelques dizaines de mètres. Au moment de faire notre dernier virement d’une longue série, dans la manoeuvre, nous avons malheureusement oublié le hookage du safran, un système mécanique qui permet de bloquer le safran en position basse. Il est alors remonté violemment, ce qui a endommagé une partie du système et l’ensemble des pièces qui le compose, c’est devenu rapidement incontrôlable. On s’est mis en relation avec l’équipe technique pour envisager le plus vite possible un changement de pièces. »
Sébastien Josse : « Ça a eu lieu hier soir, lors de notre dernier virement de bord après la sortie de la Manche. C’est à ce moment-là que nous avons eu un problème de « hockage » sur notre safran bâbord. On a découvert qu’il était bloqué en position basse. Ce sont des bateaux où tout est millimétré, on a tout de suite vu qu’il y avait un problème.
Une escale nécessaire
Armel Le Cléac’h : « Nous avons ensuite été en échange permanent avec l’équipe à terre. L’objectif a été de s’organiser au mieux pour nous permettre de réparer au plus vite. Nous avons vite pris la décision de changer l’ensemble du safran et du casque de safran (qui le protège quand il est en position haute ndrl). Ce sont des réparations que l’on peut faire, nous avons tout pour. L’équipe est donc en train d’installer notre safran de secours, sécuriser l’ensemble avant qu’on reparte le plus vite possible. »
Erwan Steff : « De notre côté, nous étions en route vers Brest afin de pouvoir être réactifs en cas de problème. Dès que l’on a eu l’appel d’Armel et Sébastien, nous avons vite compris que nos meilleures chances pour réparer était de ramener le bateau à Lorient. Nous y avons notre base, les pièces, les outils. Le bateau est arrivé à 6 heures ce matin et toute l’équipe s’est mobilisée comme jamais. Il y a des réparations et un peu de composite à faire. Par ailleurs, nous devons respecter une escale technique d’au moins 4 heures (ce qui est fixé par les instructions de course). Le chrono tourne : dès que l’on pourra, on repartira. »
La mobilisation de l’équipe
Armel Le Cléac’h : « Tout le monde a répondu présent pour que l’on réagisse au plus vite. Avec Pierre-Emmanuel Hérissé, directeur technique du Team, on a répertorié les pièces dont on avait besoin et les tâches à faire. Ce n’était pas facile de faire le diagnostic rapidement à cause de l’état de la mer et de la nuit. Mais l’équipe est en ordre de marche et va tout faire pour qu’on reparte avec un système fonctionnel.
Sébastien Josse : « Nous avons la chance d’être dans une équipe qui sait réagir face à ce genre de circonstance. Il y a un sens de l’entraide et une mobilisation qu’on voit rarement ailleurs ! »
Erwan Steff : « Ce n’est pas difficile de mobiliser l’équipe dans ces moments-là. Le plus difficile, c’est de les préserver, de s’assurer que tout le monde dort un peu pour être le plus efficace possible lors de l’escale technique. L’état d’esprit de chacun est irréprochable. »
L’envie de se replonger dans la course
Armel Le Cléac’h : « Forcément, c’est dommage d’avoir dû s’arrêter, d’autant que nous étions dans le bon timing et bien parti…mais ça fait partie de la course. Maintenant, il faut aller de l’avant, s’autoriser à se projeter parce que la course est encore longue. Il reste beaucoup à faire. Et psychologiquement, nous sommes toujours en course. »
Sébastien Josse : « Il y a deux passages du pot-au-noir et on est bien placé pour savoir qu’il y a toujours beaucoup d’imprévus. Forcément, c’est toujours mieux de progresser dans le même système météo, ce qui ne sera pas le cas quand on repartira, où la dorsale anticyclonique sur le Golfe de Gascogne induit un peu moins de vent. Il n’empêche, on sait qu’on peut aller vite et que tout est encore possible. »
Erwan Steff : « Aujourd’hui, on n’envisage pas une autre solution que de répartir. Nous aimons la course au large et nous savons qu’il s’agit d’un sport mécanique et que tout peut toujours survenir. Il n’empêche, la course ne fait que commencer : il y a toujours une place d’honneur à aller chercher ».
