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Vendée Globe : Clarisse Crémer dans « le grand bain » de l’océan Indien

 

Au cœur de l’océan Indien, dans les 40èmes rugissants la navigatrice de Banque Populaire X, solidement accrochée à sa 13e place au général, a pris de la vitesse ces dernières heures. Alors qu’elle vient d’achever son premier mois de course, elle raconte la mer démontée, le « chaos » et la force des vagues.

Ça cogne, ça bouscule et ça va vite surtout. Depuis 24 heures, Clarisse Crémer confie être « enfin arrivée dans le grand bain » : l’océan Indien, aussi redouté qu’estimé par les skippers. Et le rythme à bord est particulièrement soutenu. Lundi, il fallait s’accrocher avec une houle complètement désordonnée de 5 mètres et du vent oscillant entre 30 et 35 nœuds. « C’est un chaos qui se ressent dans chaque pli de carbone, écrivait-elle ce lundi après-midi. Le bateau s’arrête complètement entre deux vagues pour filer à 28 nœuds sur le toboggan suivant… Les vagues frappent parfois de plein côté…Je me risque de temps à autre à sortir la tête dehors, les voiles sont comme il faut ? Les bouts ne traînent pas dans l’eau ? Tout a une tête normale ? La nuit c’est un numéro d’équilibriste avec une lampe torche à travers les hublots pour essayer d’apercevoir quelque chose entre deux vagues qui submergent le bateau. On est bien content quand tout va bien car on n’a en réalité aucune envie de sortir dehors. »

 

Le répit est rare, l’effort constant

À l’extérieur, le ciel et l’océan offrent des panoramas saisissants. « La mer est comme dans les films, comme les documentaires sur les mers du sud. C’est exactement les images que j’imaginais, celle que j’ai regardé avant de partir. » Là-bas, le trafic maritime est inexistant et aucun bout de terre ou présence humaine ne vient perturber un endroit aussi brut que sauvage.

Dans un tel environnement, le répit est rare, l’effort constant, la concentration indispensable. Après une journée harassante hier, à passer toute la panoplie des voiles de son bateau, ce mardi n’est pas vraiment différent. La mer est toujours désordonnée, le vent changeant, la faute à des rafales difficilement prévisibles. « Avec de telles conditions, ce n’est pas facile de toiler son bateau de la bonne manière », reconnaît Clarisse ce matin en vacation.  

 

Elle a déjà battu tous ses records personnels

Mais la trentenaire s’accroche avec une sacrée détermination. Ces moyennes en attestent : lors des dernières 24 heures, Clarisse a parcouru plus de 400 milles (643 km) à 16,9 nœuds (31,2 km/h). « Jusqu’à demain après-midi, elle va avoir des conditions soutenues avec du vent fort de 20 à 40 nœuds, décrypte Ronan Lucas, le directeur du Team Banque Populaire. Ensuite, si cela se maintient comme les prévisions l’indiquent, sa traversée de l’océan Indien devrait être plus clémente jusqu’au Cap Leeuwin. »

La navigatrice est solidement positionnée entre le premier groupe de skippers et le second à côté de Romain Attanasio qui progresse à une centaine de milles plus à l’Est. « Je tente de ne pas trop le perdre de vue mais ce n’est pas l’essentiel. Avec ces conditions aussi musclées et l’obligation de faire de nombreuses manœuvres, je préfère me focaliser sur ma course. »

Et ça fait un mois que ça dure. Un mois qu’elle s’est élancée pour son tour du monde. Depuis, la jeune femme a déjà battu tous ses records personnels : la plus longue distance parcourue en bateau, le temps le plus long passé en solitaire et la latitude la plus au sud jamais atteinte… « Je me souviens qu’avant le départ, je me disais : quand j’aurais fait un mois en mer, ce sera déjà un bel accomplissement. J’essaie de garder bien ça en tête » confiait-elle ce matin. Pas le temps de s’appesantir, ni de remémorer les souvenirs : dans l’océan Indien, chaque surf, chaque variation de vent, chaque mille, compte plus que tout.

 

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