Charline Picon, championne olympique de planche à voile en 2016, médaillée d’argent à Tokyo en 2021 puis médaillée de bronze en dériveur ( 49er FX) à Marseille l’an dernier, annonce aujourd’hui la fin de sa carrière olympique. À 40 ans, celle qui a marqué l’histoire de sa discipline tire aujourd’hui sa révérence La Rochelaise incarne non seulement l’excellence sportive, mais aussi la persévérance et le gout du défi… une véritable source d’inspiration pour toute une génération d’athlète.
Charline Picon : une carrière d’exception
Charline, soutenue par la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique, découvre la voile dès l’enfance en Charente-Maritime. Elle se passionne rapidement pour la planche à voile, une discipline qui conjugue vitesse et autonomie. Graine de championne, elle accumule dès lors les titres nationaux et intègre l’Équipe de France à tout juste 21 ans. Après une 8e place aux Jeux de Londres en 2012, elle revient plus forte que jamais et s’offre le titre de championne du monde en 2014. Charline enchaîne alors les titres européens avant de réaliser son rêve en 2016 : décrocher l’or olympique « C’était fou, l’émotion sur la ligne d’arrivée était tellement intense. Un des plus beaux moments de ma vie. 2016 était une année hyper dure psychologiquement, ce titre olympique était un médicament, il m’a apaisé. »
Après Rio, Charline prend une pause et donne naissance à sa fille Lou. Quelques mois à peine après son retour, elle truste déjà les podiums mondiaux. « Une étape pas simple tant la charge mentale était élevée. J’ai souvent imaginé que je n’y arriverai jamais. Mais baisser les bras n’est pas dans mon caractère. Je ne lâche jamais ». En 2019 la pensionnaire de La Rochelle Nautique est la première athlète française qualifiée pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Deux ans plus tard, sur le plan d’eau d’Enoshima, elle remporte brillamment la medal race et s’empare de la médaille d’argent, à seulement 1 point de l’or. Frustrant ? Pas vraiment. Elle réalise alors qu’elle est double médaillée olympique : elle l’a fait ! « Lors de ces Jeux, le niveau était vraiment très élevé, je n’ai jamais aussi bien navigué. J’avais promis à Lou de revenir avec une médaille à la maison. Et je l’ai fait le jour de ses 4 ans ! C’était un bonheur unique et puissant. »
Plutôt que de prendre sa retraite sportive, Charline choisit de changer de discipline. Elle se lance alors dans le 49er FX, un dériveur ultra performant, en duo avec une spécialiste de la série, Sarah Steyaert. Le défi est pharaonique puisque l’objectif des deux « mamas » est d’aller décrocher une nouvelle médaille, à domicile, en 2024. Charline repart à zéro et, sans jamais être montée sur un dériveur, doit apprendre à dompter ce bateau ultra complexe, mais aussi à naviguer en double. Nouvelle embarcation, travail d’équipe et concurrence féroce… la mission semble impossible ? « Quand on goute à l’émotion d’une médaille olympique, c’est tellement puissant et addictif que je ne me suis pas posé la question ». Le duo s’accroche avec détermination et en moins de 3 ans, décroche un premier podium international. Le 02 aout 2024, Charline et Sarah se jettent à l’eau en hurlant leur joie dans la rade de Marseille, elles sont médaillées de bronze ! « L’émotion était la même que pour l’or à Rio. Peu de monde croyait en nous et on a réussi notre pari. J’adore ce qui est dingue, et là c’était incroyable ! » avoue alors la championne. Un bonheur en appelant un autre, leurs compagnons les demandent en mariage quelques minutes plus tard.
Charline Picon est aujourd’hui la sportive française la plus titrée en voile olympique
Après la folie des Jeux de 2024, la Rochelaise décide de sortir à nouveau de sa zone de confort et s’élance dans une aventure autour du monde à la voile et en famille. Après 7 mois de navigation idyllique, alors qu’ils naviguent près des îles Marquises, le catamaran familial heurte un OFNI (objet flottant non identifié) et fait naufrage. Charline et sa famille sont alors sauvés par la Marine Nationale.
La championne s’était offert cette parenthèse familiale pour prendre le temps de réfléchir à son avenir sportif et annonce aujourd’hui de ne pas repartir sur une nouvelle Olympiade « Je ne trouve pas ma place dans une discipline olympique, surtout avec l’arrivée des foils en planche à voile. Je n’ai pas le gabarit. La dernière olympiade a été dure et on a dû chercher loin en termes de ressources physiques et mentales, je ne retrouve pas l’énergie nécessaire pour repartir sur un nouveau projet olympique gagnant. Je veux passer plus de temps en famille, d’autant plus après les mois que nous avons vécu ensemble. Lou a 8 ans et a besoin de moi, et moi j’ai besoin de la voir grandir. »
Une décision surement difficile, mais murement réfléchie. « Je suis apaisée et j’ai le sentiment d’avoir accompli ce que je devais faire. Je suis fière de mon parcours. J’ai écrit une page de l’Histoire de la voile, c’est très valorisant. La petite fille introvertie que j’étais a trouvé une manière d’exister jusqu’à atteindre le toit du monde. Le sport m’a aidé à trouver ma place, à m’exprimer et donner la meilleure version de moi-même. Ma fragilité est devenue une force. Si c’était à refaire, je ne changerais rien ! »
« Charline n’a pas seulement écrit une page de l’Histoire de la voile, mais aussi celle du sport français », reprend Guillaume Chiellino, Directeur Technique National de la FFVoile qui a suivi tout son parcours depuis 2006. « Les trois mots qui me viennent à l’esprit quand je regarde la carrière sportive de Charline c’est : exceptionnelle, unique, inspirante. En voile, on ne peut concourir que pour une seule médaille par Jeux Olympiques… Sur ses 4 participations, elle en a obtenu 3. Avoir un titre olympique est déjà exceptionnel, mais avoir 3 médailles sur 2 supports différents est unique. Il faut avoir conscience que changer de support en voile c’est comme passer du Handball au Basketball… elle a tout réappris et a réussi quelque chose d’incroyablement audacieux. Charline fait partie de ces athlètes qui sont faits pour les grands rendez-vous. Elle se transcendait quand elle était aux Jeux. Cette page qui se tourne est évidemment très émouvante pour nous tous à la FFVoile, mais nous pouvons désormais compter sur Charline pour continuer à faire évoluer et briller la voile française à nos côtés ».
De nouveaux projets, Charline en a beaucoup. En parallèle de sa brillante carrière olympique, la sportive se passionne pour le corps humain. Kinésithérapeute diplômée, elle a monté le cabinet « FLOW » à La Rochelle et se forme désormais auprès de son coach mental Richard Ouvrard. Ensemble ils travaillent sur la réalisation d’un documentaire lié au pouvoir du mental.
Les dates clefs de la carrière de Charline Picon (La Rochelle Nautique)
Un talent prometteur dès l’adolescence, avec ses premiers titres nationaux.
-
- 1997 1999 : Premiers succès en planche à voile jeune — championne de France minime (1998) et cadette (1999)
- 2006 : Première sélection en équipe de France à 21 ans
Montée en puissance jusqu’au titre olympique en 2016.
-
- 2012 : Jeux Olympiques de Londres – 8ᵉ place en planche à voile RS:X
- 2013 : Championne d’Europe en planche à voile RS:X
- 2014 : Championne du monde RS:X à Santander
- 2016 : championne Olympique des Jeux Olympiques de Rio en planche à voile RS:X
- Fin 2016 – début 2018 : Pause maternité pour devenir mère de sa fille Lou (aout 2017)
Retour au plus haut niveau après une pause maternité
-
- Août 2018 : Médaille d’argent aux Championnats du monde à Aarhus en planche à voile RS:X, seulement quatre mois après son retour en compétition
- 2020 : Médaille d’argent au Mondial à Sorrento
- 2021 : Vice-championne olympique des Jeux Olympiques de Tokyo après une victoire lors de la Medal Race
Réinvention : à presque 40 ans, changement de discipline vers le dériveur double féminin 49er FX, avec en point d’orgue une médaille aux Jeux de Paris 2024.
-
- 2021 : Charline se lance un nouveau défi en dériveur double féminin 49er FX, en duo avec Sarah Steyaert
- 2024 : Médaille d’argent aux Championnats d’Europe et Médaille de bronze aux Jeux olympiques de Paris en 49er FX, devenant l’athlète française la plus médaillée en voile olympique
En chiffres
- 3 médailles olympiques : Or en 2016 (planche à voile RS :X), Argent en 2021 (planche à voile RS :X) et bronze en 2024 (dériveur double féminin 49er FX) avec Sarah Steyaert.
- 1 titre de championne du monde en 2014 (planche à voile RS :X)
- 5 titres de championne d’Europe en planche à voile RS :X en 2013, 2014, 2016, 2020 et 2021