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Récit de la victoire d'Armel sur The Transat

Une route atypique

Ainsi que ce fut le lot pour la majorité des coureurs solitaires de The Transat bakely, toutes classes concernées, la conjugaison des déplacements très sud des virulentes dépressions d’Atlantique Nord, avec la vaste zone d’exclusion des glaces mise en place par la Direction de course, a d’emblée imposé une trajectoire inhabituelle vers Ouessant et la traversée du golfe de Gascogne. La bagarre annoncée entre quatre des principaux protagonistes de la Classe Imoca, Vincent Riou (PRB), Sébastien Josse (Edmond de Rothschild), Jean Pierre Dick (St Michel Virbac) et Armel, a tenu toutes ses promesses et le commandement de la flotte au large du cap Finisterre a souvent changé de main. Travers au fort vent de nord est, le monocoque Banque Populaire VIII a trouvé sur une mer pourtant hachée, les conditions idéales pour se tester. « J’ai vite pris confiance en mon bateau et en nos systèmes de foils » précise Armel, «  et j’ai d’emblée, au plus fort du vent, pu attaquer. » Un moment distancé par Vincent Riou bien calé à son vent, Armel s’est donné sans retenue pour s’emparer du leadership. « J’étais en phase avec mon bateau et avec la météo. Je n’ai pas calculé mes efforts. Il fallait en permanence anticiper les manœuvres pour ne pas subir et me faire dépasser par la machine. Je suis content d’avoir beaucoup travaillé physiquement cet hiver. Cela a payé. »

Dépressions et transitions

Au 5ème jour de course, une nouvelle dépression vient balayer la flotte avec ses vents de nord ouest de 45 noeuds et plus. Banque Populaire VIII ne baisse pas de rythme et se recale sur la route directe. Alors que Sébastien Josse a dû jeter l’éponge suite à un violent départ à l’abattée, Armel porte son avantage à plus de 25 milles, « à la pédale » comme dirait les cyclistes, en vitesse pure, en puissance et en détermination. Jean-Pierre Dick, longtemps dans le même tempo, semble lâcher prise. Un formidable mano a mano s’engage entre PRB et Banque Populaire VIII dans le vaste contournement par le sud de la zone d’exclusion des glaces. Derrière les dépressions attendent d’angoissantes zones peu ventées, transitions entre deux systèmes. Premier à négocier ces moments de pétole, Armel est aussi le premier à en ressortir et l’élastique du différentiel entre lui et Riou se tend et se détend au rythme du franchissement de ces dorsales anticycloniques.

La délicate approche du continent Nord Américain

Sous Terre-Neuve, la complexité de l’élaboration des systèmes météos venus du Labrador, avec leurs forts vents d’ouest, se double de l’arrivée du Gulf Stream, ce puissant « fleuve » de courant chaud qui remonte le long de la côte Est des Etats-Unis depuis le golfe du Mexique. Au terme de 8 jours d’une rare intensité, Armel négocie en leader ces nouveaux phénomènes si spécifiques à la transat anglaise. Avec plus de 50 milles d’avance sur Riou, la victoire n’est pourtant pas encore acquise, tant l’incertitude météo règne sous la Nouvelle Ecosse. Banque Populaire VIII bénéficie une nouvelle fois de sa position à l’ouest de ses adversaires. Il touche en premier le vent d’ouest et plonge tribord amure vers la latitude de New-York. Plus que jamais, il contrôle son adversaire, confiant en sa capacité de gérer les zones déventées, et concentré comme au premier jour, malgré la fatigue, pour anticiper toute tentative de débordement par le sud de son adversaire.

Première victoire en Imoca

L’arrivée est douloureuse. Armel est fatigué et le vent a déserté l’embouchure de l’Hudson. Banque Populaire VIII glisse pourtant avec facilité sur une mer lisse comme un miroir. Dans le matin américain, Armel ne peut plus être rejoint. La victoire est là, sa première en Imoca, sur l’une des plus impitoyables des transats. « J’avais à coeur de la gagner, après mes 2èmes places du Vendée Globe et de la Transat Jacques Vabre… Je suis heureux de remplir cet objectif, pour moi et pour le Team Banque Populaire. »

A noter :
Arrivée le samedi 14 mai à 17 heures, 27 minutes et 39 secondes heure française.

Banque Populaire VIII a franchi la ligne d’arrivée de The Transat bakerly au large de New-York, au terme de 12 jours 02 heures 28 minutes 39 secondes à la moyenne de 12,91 nœuds sur l’eau.

Armel Le Cléac’h  a parcouru sur l’eau 3 751 milles. Il améliore le temps de référence de la transat anglaise en monocoque ; Loïck Peyron vainqueur en 2008, avait mis 12 jours, 08heures,  45 minutes pour rallier Boston (moins éloigné que New York) au départ de Plymouth.

Crédit photos : Lloyd Images

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